30/09/2014

POURQUOI JE NE FERAI PAS GREVE LE 30 SEPTEMBRE par Paul-Albert IWEINS


Le Conseil National des Barreaux nous a appelé à faire grève le 30 septembre.  Bien qu’ancien Président de cette Institution, que j’ai toujours défendue  contre les critiques injustes dont elle faisait parfois l’objet, je ne ferai pas grève. Les raisons de cet appel me paraissent en effet contraires à l’intérêt même de notre profession que jusqu’alors le CNB accompagnait, quand elle ne la précédait pas, dans ses évolutions nécessaires. Le gouvernement a en effet raison de nous pousser à nous moderniser. S’accrocher à la territorialité de la postulation, qui ne veut plus rien dire à l’heure d’internet, et dont le tarif n’a pas été revalorisé depuis 1972, correspond à la défense d’une vision archaïque d’une profession à péage. Ceux qui appellent aujourd’hui à la grève sont ceux qui avant-hier luttaient contre la fusion des avocats et des conseils juridiques, hier protestaient contre la suppression des avoués. Ils  mêlent leurs voix à celles des notaires défendant leur monopole et la vénalité de leurs charges, ou des pharmaciens d’officine « seuls capables » de vendre de l’aspirine. Qu’ont à craindre nos confrères de province alors que nous faisons systématiquement appel à eux lorsqu’un dossier nous amène devant une juridiction non parisienne, même lorsque la postulation n’est pas obligatoire ? L’ouverture minoritaire des capitaux de nos sociétés d’exercice est-elle aussi à redouter ? Nombre de jeunes avocats pourraient ainsi investir pour créer leur structure avec l’aide de parents ou d’amis sans perdre de leur indépendance. Et que dire du refus de l‘exercice de l’avocat en entreprise, alors que le barreau de Paris y est favorable depuis plus de vingt ans, de même que la grande majorité de ceux qui réfléchissent à la profession du XXI ème siècle en nous comparant tout simplement à nos confrères européens ou anglo-saxons. Sans doute les opposants souhaitent-ils que selon le modèle belge se créé une autre profession règlementée de juriste en entreprise que nous mettrons ensuite 50 ans à absorber !  Qui relaie ces fausses inquiétudes ? Quelques caciques de syndicats à bout de souffle qui essaient de se redonner une image à quelques semaines d’une élection. Je déplore que le Conseil National s’en fasse le porte-parole, alors que les idées proposées par le gouvernement correspondent peu ou prou aux conclusions du rapport Darrois que nous avions en son temps, largement approuvées !

Paul-Albert IWEINS